logo
Les Verts Nord Haute Garonne
Confédération écologiste - Parti écologiste
logo
ornement
 Sommaire | Communiqués : niveau local ! | Communauté d'Agglomération du Grand Toulouse | Les Verts | Les Nouvelles | Communiqués et contributions : niveau Global ! | Quand les choses bougent !
Recherche

DANS LA MEME RUBRIQUE :
- Vers la pétro-apocalypse
- Affronter le monde après Hubbert
- Droit de l'emploi et conditions de travail
- Travailler autrement, pour autre chose
- Souffrances individuelles et causes collectives
- Le sentiment de dégradation des conditions de travail chez les enseignants du second degré
- Production, consommation, déchets
- Souffrance au travail : les dilemmes de l'action
- Santé au travail et réforme du système de santé
- Les conditions de travail, une question de politique

Communiqués et contributions : niveau Global ! >

ARTICLE PARRU DANS LIBÉRATION LE 12 SEPTEMBRE 2005
Triste politique court termiste
SANS EAU, SANS COEUR, SANS PÉTROLE, SANS PERSPECTIVE, LA FRANCE SE TROUVE DANS UNE IMPASSE.

La France d'aujourd'hui est sans coeur, sans eau, sans pétrole. Dominique de Villepin se donnait cent jours pour redonner confiance aux Français. Cent jours plus tard, 80 % des Français n'ont pas confiance ! En vérité, le gouvernement français se révèle être désormais sans coeur, sans eau, sans pétrole et sans perspective de long terme.

Sans coeur tout d'abord car, en réponse aux incendies de logements insalubres à Paris, le gouvernement expulse massivement dans toute la France des centaines de familles qui sont à la rue. Peut-on tolérer, aujourd'hui, de laisser des personnes et des familles dans la rue sans aucune perspective de relogement rapide ? Pour nous, c'est intolérable parce que les communes ­ souvent les plus riches ­ refusent de remplir leurs obligations légales de proposer au moins 20 % de logement social, et parce que l'Etat n'applique pas la loi de réquisition des logements vides destinés à la location. Le gouvernement sait que la situation est dramatique. Il sait que notre pays est rongé par la spéculation immobilière. Alors qu'il faudrait immédiatement agir pour loger rapidement les centaines de familles mal logées, son choix est de cajoler un électorat de classes aisées et tous ses efforts sont concentrés sur le logement intermédiaire qui n'est aucunement une priorité aujourd'hui en France.

Sans coeur également : les nécessaires mesures de solidarité que le pays attendait sont complètement absentes.

En guise de politique pour l'emploi, qui peut croire un seul instant que la solution pour réduire le chômage passe par une plus grande surveillance des chômeurs et la précarisation des contrats de travail ? Nous restons pour notre part convaincus qu'il y a matière à créer de nombreux emplois dans les secteurs où il y a de vrais besoins (aides aux personnes et à la cohésion sociale, métiers de l'environnement et de l'énergie renouvelable, secteur de l'économie solidaire, associations...), mais qui sont délaissés de l'aide publique et souvent dans une situation dramatique. Nous sommes également convaincus que notre pays doit continuer et améliorer, comme nous l'avions initié en 1997, le partage du temps de travail et des richesses.

Il faut revivifier massivement le tiers secteur et les domaines de la santé et l'environnement.

Sans eau : depuis des mois, il n'est pas un jour sans que la sécheresse en France n'apporte son lot de conséquences (pénuries, inondations aggravées par la sécheresse estivale, coupures...) Le changement de notre climat est une réalité qui s'opère de façon brutale, voire violente. Le manque d'eau qui touche les 2/3 de notre pays n'est pas un phénomène exceptionnel. Nous devons nous préparer à ce qu'il se reproduise. Anticiper cela, c'est être responsable. 80 % de notre eau est consommée par l'industrie et l'agriculture. Le gouvernement a pourtant attendu les seuils les plus critiques pour limiter les irrigations. Osons le dire : nous sommes à la fin d'un système fondé sur la gabegie et la pollution des ressources naturelles. L'eau est un bien précieux qu'il convient dorénavant de préserver. Les aides à l'irrigation, notamment celle du maïs en été, doivent être arrêtées. Il y a d'autres moyens de nourrir le bétail (culture printanière peu consommatrice en eau, retour dans les prairies). Beaucoup d'agriculteurs sont les premiers à demander la fin du système absurde dans lequel ils sont piégés. Le stockage de l'eau, comme l'envisage le gouvernement, n'est qu'une façon de retarder la catastrophe.

Il ne faut pas attendre l'été prochain pour réorienter toutes les subventions vers les cultures à forte valeur ajoutée en matière de santé et de goût, telles que le bio, domaine où l'agriculture française est aujourd'hui dépassée par ses voisins.

Sans pétrole : les Français voient le prix du carburant grimper irrésistiblement. En réponse, comme souvent, le gouvernement fait de la « communication » sur des mesures limitées à peine appliquées : les biocarburants, les aides ponctuelles et ciblées, ou les voitures les moins consommatrices. Va-t-on remplacer une agriculture productiviste subventionnée par une autre et couvrir le pays de cultures destinées à faire rouler des voitures ? Ce qui est urgent aujourd'hui c'est que des mesures de fond soient prises pour que nos sociétés se passent considérablement du pétrole. Nous le demandons depuis longtemps. Une fois de plus, on attend la crise pour réagir, mais tout est fait pour ne rien changer. On vend même à la sauvette le patrimoine autoroutier, dont les revenus, bien supérieurs au prix de vente, pouvaient aider à financer la transition vers des transports alternatifs. Car oui, la voiture moins gourmande et les nouveaux carburants sont nécessaires, mais la seule vraie mesure raisonnable est la décroissance massive de notre besoin en transport, notamment routier, l'aide massive aux énergies renouvelables et au transport des marchandises par le rail.

Si nous entrons dans l'ère de l'après-pétrole, notre pays ne peut plus rester le vaste noeud de routes et d'autoroutes qu'il est devenu.

Enfin, finissons notre triste bilan de l'activité de ce gouvernement en dénonçant très clairement sa politique de mensonge et de secret sur deux dossiers menaçant tant l'environnement que notre santé et celle de nos enfants : les OGM et le nucléaire. Dans les deux cas, le débat démocratique est refusé ou manipulé.

Des milliers de Français se sont mobilisés pour demander des garanties sur les OGM. On les jette en prison alors que l'on commence à savoir que plusieurs OGM prétendument inoffensifs ont des effets néfastes sur la santé des animaux qui les consomment et contaminent la flore sauvage. On les présente comme hors-la-loi alors que le gouvernement tient secrète l'existence illégale de près de 1 000 ha de champs OGM. Et face à cette illégalité d'Etat, on met en procès des centaines de citoyens, qui, eux, en ayant fauché des OGM, ne cherchent pas à protéger des intérêts privés, mais l'intérêt général !

Dans le domaine du nucléaire, on nous parle de débat alors que les décisions sont déjà toutes prises : enfouissement, EPR, Iter... les engagements budgétaires sont faits. Circulez, il n'y a rien à voir.

Arrêtons de mentir là aussi. Cette énergie, par ailleurs ruineuse pour le budget public, va laisser à des centaines de générations futures des déchets hautement dangereux. C'est un peu comme si nous découvrions aujourd'hui un poison qui nous tue et qui aurait été déposé sous nos pieds par les hommes de Néandertal !

Ce gouvernement travaille dans le court terme, celui des ambitions de son Premier ministre de son ministre de l'Intérieur, et nous entraîne dans une impasse.

Yann Wehrling secrétaire national des Verts

IMPRIMER
Imprimer